Corps eucharistique et corps ecclésial, par Eric Boone

Pour éclairer la réflexion en cours : que veut-on vivre le dimanche ? Personnellement, en communauté locale, en paroisse ? Avec qui, pour qui ?…
Réflexion en lien avec la dernière lettre pastorale de Mgr Wintzer et avec l’orientation 17 du synode diocésain (voir la lettre En Communion du 4 octobre)

Eric Boone nous a présenté le samedi 10 octobre à St-Porchaire un extrait de la journée d’études qu’il avait prévu d’animer le samedi 7 novembre à l’abbaye Sainte-Croix : Corps eucharistique et corps ecclésial : une articulation féconde

Il a répondu sur ce thème à une interview sur RCF-Poitou, à écouter ici

Ci-dessous, les notes prises le 10 octobre par Philippe Devaux

Le déploiement de l’infinie richesse symbolique du sacrement de l’eucharistie connaît des différences d’accents suivant les périodes de l’Histoire et les sensibilités spirituelles. En prendre conscience et revisiter des sources anciennes majeures et toujours actuelles aident à mieux saisir l’enjeu et la portée de ce sacrement.

Le 1er millénaire de l’ère chrétienne vit et célèbre dans l’eucharistie une relation indissociable entre corps eucharistique du Christ et corps ecclésial. Ce dernier est peu à peu édifié par le partage de l’eucharistie au cours de la messe célébrée dans les différentes communautés. Dès lors, le partage doit être effectif et créateur d’unité entre les membres du corps. C’était déjà la leçon de l’apôtre Paul à la jeune communauté chrétienne de Corinthe (1 Cor 11, 18-34) ; saint Augustin (354-430) la reprend en montrant que l’exigence éthique d’un repas partagé entre tous trouve une réponse sacramentelle : la célébration du repas eucharistique, en mémorial de la Cène.

  • Ainsi, la communion eucharistique nous oblige ! Elle nous enjoint de nous donner à nos frères. Un processus est à l’œuvre à travers et par le sacrement : devenir ce que nous recevons, devenir toujours davantage le corps du Christ pour la vie du monde.

Au cours de la célébration eucharistique, le célébrant, au nom de l’assemblée entière, prie l’Esprit-Saint de contribuer activement à l’édification de ce corps (cf. la prière eucharistique n°2). Le plus spirituel s’investit ainsi dans le plus corporel.

Si la communauté chrétienne la plus petite et la plus fragile est pleinement corps du Christ, elle sait aussi, comme le souligne encore saint Augustin, que rien ni personne n’échappe à la communion de l’Église. Cette communion vise non seulement l’Église elle-même, le rassemblement des chrétiens, mais encore l’ensemble des hommes, passés, présents et à venir.

  • Dans l’espace comme dans le temps, la présence eucharistique du Christ s’ouvre à l’universel. Cette visée universaliste confère sa pleine dimension à la « présence réelle » du Christ dans l’hostie consacrée, à quoi s’attache pour sa part notre second millénaire.

Une autre grande figure patristique, saint Jean Chrysostome (v. 349-407), engage sa prédication – et sa vie même – pour lier étroitement le sacrement de l’autel – la table du Christ, préparée pour l’eucharistie – et le sacrement du frère : la vérité et la justesse du premier sont liées à l’effectivité du second. La fidélité de l’Église à la parole et aux actes de son Seigneur est à ce prix.

  • Au sein du corps ecclésial qu’édifie la communion au corps eucharistique, les plus humbles et les plus pauvres ont la priorité.

Voir les textes citées par Eric Boone

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